vendredi 26 octobre 2012

Paroles d'artistes : François Deladerrière




F.Deladerrière, 
L'Illusion du tranquille,
Courtesy, Galerie Le Réverbère.
A l’occasion du finissage de l’exposition Les temps satellites, François Deladerrière, artiste invité par Anne Immelé, viendra partager avec le public son travail photographique en regard de la série L’illusion du tranquille. "J’ai choisi alors de photographier la campagne autour d’Orthez à la lumière de la lecture d’auteurs américains, transformant la campagne du Sud-Ouest en une nouvelle géographie Faulknerienne. Une carcasse de voiture abandonnée, une boîte de nuit perdue, un arbre fantomatique ou une caravane inquiétante. J’ai parcouru le territoire pendant ce temps de résidence à la recherche de ces “accidents” qui devenaient alors autant de décors d’histoires romanesques." Cette série a été réalisée lors de différents séjours en résidences à la Chapelle St Jacques , au centre photographique image/imatge , ainsi qu’à La Métive. Site de l'artiste : http://www.francoisdeladerriere.com/
Rendez-vous dans l'espace d'exposition, samedi 10 novembre à 15h. 

jeudi 18 octobre 2012

Dialogues n°7

  

Regards croisés entre La Filature, Scène nationale, la Kunsthalle et le Musée des Beaux-arts, les « Dialogues n° 7 » proposent ainsi un parcours reliant les trois lieux autour de la photographie comme medium et interrogeant, par là-même, la notion de temps.

À découvrir, commentées et abordées en miroir, les expositions :
/// à La Filature : Photographes en Alsace avec les œuvres de Pascal Bichain, Jean-Luc Boetsch, Aglaé Bory, Christian Lutz, François Nussbaumer, Marion Pedenon et Louis Sclavis sur le vaste thème des « Paysages intimes » 
/// au Musée des Beaux-arts : Les temps satellites qui rassemble une sélection de photos anciennes et contemporaines et invite à une réflexion sur la notion de temps inhérente au travail photographique. Avec les photographies contemporaines de Raymonde April, François Deladerrière, Philip-Lorca diCorcia, Pierre Filliquet, Aurélien Froment, Angela Grauerholz, Suzanne Lafont, Eric Nehr, Bernard Plossu, Fiona Rukschcio et les photographies anciennes d’Auguste Bartholdi, Adolphe Braun et Henri Ziegler.
/// à la Kunsthalle : Tchernobyl on tour d‘Elena Costelian qui, à partir d’une série de photographies dont l’une d’elles évoque la salle de répétition du Conservatoire de Prypiat, ville évacuée en 1986, aborde l’histoire récente et ambigüe de ce lieu devenu « un musée à ciel ouvert ».
 Dimanche 21 octobre 2012 de 11 h à 16 h. entrée libre. Possibilité de rejoindre le groupe à tout moment.



lundi 8 octobre 2012

Conférences, lectures et concert

Henri Ziegler, L’homme à la montre, portrait de Gaspard Ziegler,
1841 Daguerréotype. coll. Musée Historique, Mulhouse


Mercredi 10 octobre à 19h   Conférence d'Anne Immelé, commissaire de l'exposition, à l'occasion de la sortie de "Figures de l’éphémère : sur la dimension de memento mori dans la photographie" dans la collection Cahiers Recherche, Université de Strasbourg, UFR des Arts Visuels.  

Mercredi 17 octobre à 18h45   Soirée Intime avec la librairie Bisey. Lecture de textes en lien avec une sélection de photographies de l'exposition. Extraits de textes de Guillaume Apollinaire, Paul Auster, Roland Barthes, Jean-Christophe Bailly, W.G.Sebald, Jack London, Toni Morrison, Pierre Reverdy. 
Mercredi 24 octobre à 19h Conférence de Christian Kempf "Henri Ziegler, Adolphe Braun et Auguste Bartholdi : de l'amateur au professionnel, les premiers procédés photographiques en Alsace." Christian Kempf est photographe, enseignant, historien de la photographie et collectionneur.
Vendredi 19 octobre à 20h Pour le  5ème édition de  "Un Vendredi au Musée"  l'Ensemble  Antichi Strumenti  propose un c oncert, inspiré par l'exposition. Au programme    des pièces de Jean Féry-Rebel, Orlando di Lasso, Antonio Vivaldi et Tarquinio Merula pour cordes, basson, théorbe et cornet à bouquin; une sonate de H.I.F Biber pour violon discordé et une création inspirée par la photographie "Gaspar Ziegler et moi" de Fiona Rukschcio.

jeudi 27 septembre 2012

"Figures de l’éphémère : sur la dimension du memento mori dans la photographie"

Mercredi 10 octobre à 19h : Conférence d'Anne Immelé à l'occasion de la sortie 
Figures de l’éphémère : sur la dimension du memento mori dans la photographie
dans la collection Cahiers Recherche, Université de Strasbourg, 
dans le cadre de l'équipe d'accueil 3402 (Approches contemporaines de la réflexion et de la création artistiques) de la composante des Arts Visuels.

Raymonde April, Autoportrait en manteau d'hiver,
1995, 76 x 101, 5 cm
Nombre de photographes retranscrivent la vie dans son ordinaire poétique, dans ses plus minces détails et instants. Ces captations de la vie sont habités par la question de la mort, qui se manifeste sous une forme résurgente de la tradition du memento moriLa photographie approche le memento mori par deux esthétiques, celle de l’immobilité vive et celle de l’instant qui n’en finit pas. Deux esthétiques, deux rapports à la captation du temps, toutes deux liées à la représentation de l’éphémère et du périssable. 

Anne Immelé est photographe et docteur en Art, elle enseigne à L'Université de Strasbourg et à la HEAR (Haute école des Arts du Rhin) - Le Quai, école supérieure d'art de Mulhouse. 

mercredi 19 septembre 2012

Paroles d'artistes : Bernard Plossu

Bernard Plossu, Train de lumière, coll. FRAC PACA
Bernard Plossu présentera « Train de lumière », exposée dans "Les temps satellites". Cette séquence réunie 24 photogrammes, extraits d’un film super-huit réalisé par Bernard Plossu dans le train qui relie Lyon à La Ciotat, lieu mythique qui fut le théâtre d’un des premiers films des frères Lumière. 

La soirée continuera avec la projection des deux films réalisés par Hedi Tahar sur le travail de Bernard Plossu, « Marseille en autobus » (1991, 13’) et « Sur la voie » (1998, 26’). 
Pour clore la soirée, Bernard Plossu présentera ses ouvrages parus aux éditions Médiapop  : Far out ! Les années Hip : Haight-Ashbury, India, Goa (2001), De Buffalo Bill à Automo Bill (texte de David Le Breton, 2012), ainsi que le tout récent îles grecques, mon amour (texte de Philippe Lutz, 2012). 
Soirée en présence de Bernard Plossu, de Philippe Schweyer (Médiopop), de Philippe Lutz et d’Anne Immelé (Association l'Agrandisseur).
Bernard Plossu est né en 1945 au Vietnam. Il commence à photographier à l’âge de 13 ans au Sahara. à 20 ans, il est au Mexique et ne cessera dès lors de voyager et d’enrichir une œuvre photographique célébrée en 1988 par une exposition au Centre Pompidou et le Grand Prix national de photographie, et en 2007 par une rétrospective au Musée d'art moderne de Strasbourg. 
Aux éditions Médiapop, il a publié Far out ! Les années Hip : Haight-Ashbury, India, Goa (2001), De Buffalo Bill à Automo Bill (texte de David Le Breton, 2012),  îles grecques, mon amour (texte de Philippe Lutz, 2012). 
Aux éditions Yellow Now, il a publié : Train de Lumière (2000), So Long (2007), La frontera (2007) et Plossu Cinéma (2010).
Aux éditions Filigranes, il a publié Cinéma Fixe ? (texte de Dominique Païni, 2002).
Lundi 24 septembre à 19h, au Musée des Beaux-arts de Mulhouse

mardi 18 septembre 2012

Conférence de Raymonde April

Raymonde April, lors de sa conférence à La Filature,
en projection, "L'arrivée des figurants"



Selon ses propres termes, le travail de Raymonde April peut se comparer à une écriture qui effectuerait des allers et retours dans le temps, le long des grands axes de l’autoportrait, du paysage, de la narration et de l’expérience de l’intime. Dans sa présentation, elle a évoqué ces grandes thématiques au moyen d’exemples puisés dans ses travaux récents. Artiste et enseignante, impliquée dans plusieurs centres d’artistes, Raymonde April côtoie aussi au quotidien une nouvelle génération de photographes québécois. En complément, elle a présenté une sélection éclectique de travaux réalisés par certain(e)s d’entre eux (elles).
Mardi 18 septembre 2012 / salle Jean Besse / entrée libre
à 18 h / conférence Paysages intimes
par Raymonde April
en partenariat avec Le Quai – école supérieure d’art de Mulhouse
suivi du vernissage de Photographes en Alsace 2012
La Filature, Scène nationale
20 allée Nathan Katz
68090 Mulhouse cedex

dimanche 16 septembre 2012

Paroles d'artistes : Raymonde April




Hier, Raymonde April a présenté au public  "Mon regard est net comme un tournesol" (2011) et "Les temps satellites" (1986).
Observatrice du quotidien, photographe intuitive, artiste du récit, Raymonde April œuvre et enseigne à Montréal, où elle jouit d’une notoriété grandissante depuis la fin des années 1970. Originaire de Moncton au New-Brunswick, elle a grandi à Rivière-du-Loup, elle fera ses classes à l’Université Laval, en arts plastiques. Elle privilégiera la photographie, et se démarquera par son approche minimaliste, ancrée dans le quotidien, presque documentaire, autobiographique, mais aussi parfois teintée de fiction. Récipiendaire du prestigieux prix Paul-Émile Borduas en 2003, Raymonde April a vu ses œuvres présentées dans diverses institutions, notamment au Musée d’art contemporain de Montréal, au Musée d’art de Joliette, à la galerie d’art Leonard et Bina Ellen de l’Université Concordia, ainsi que lors du Mois de la photo de Montréal.
// Raymonde April has been recognized since the late 1970s for her photographic practice, inspired by her private life, which she skillfully balances at the confluence of documentary, autobiography, and fiction. An insatiable lover of people, landscapes, stories, objects, and other apparently ordinary things that form identity, she constantly returns to the same sites, and the same subjects, in order to understand her own inner life. For more than fifteen years, this work has also led her to regularly reinterpret her own photographic archives. And this is what she has done here, upon the request of Le Mois de la Photo à Montréal, by examining these archives in the light of the notion of self-representation. The resulting composite self-portrait is made of a number of previously unseen prints and brand-new images. 

vendredi 14 septembre 2012

Raymonde April // Projection de "Tout embrasser" // Visite avec l'artiste




Dans le cadre des journées du Patrimoine, le film « Tout embrasser » (2000, 58 min.) de Raymonde April  est projeté le samedi 15 septembre de 13h à 19h.
Une pile de photos repose sur une table. Toutes les trois secondes environ, une main vient retirer celle du dessus, révélant une autre photo en dessous. La nouvelle s’en va à son tour, et ainsi de suite. À la fin de la pile, tout disparaît, et au bout d’un passage blanc, une nouvelle pile apparaît. Il y aura ainsi 19 piles, plus de 500 images inédites, saisies entre 1972 et aujourd’hui par une photographe attentive à tout ce qui l’entoure. Qu’elles donnent à voir des scènes de la vie quotidienne, portraits, paysages et tableaux, ces images, tout comme la nature et les êtres qui y figurent, oscillent entre la présence et la disparition, la persistance et la fragilité. Comme un documentaire, le film enregistre le passage des images. Il se colle au geste photographique qui toujours extrait des moments de leur continuité pour recréer des nouvelles histoires. Il donne à voir les images mais les fait disparaître aussi. Au fil des évocations de toutes sortes, il se crée une méta-narration, une invitation au voyage, dans laquelle la répétition, la récurrence, le rythme, les accidents et les passages agissent comme déclencheurs de mémoire et d’émotion.

mercredi 29 août 2012

LES TEMPS SATELLITES



Raymonde April, Autoportrait au rideau, 1991


Du 15 septembre au 10 novembre 2012, le Musée des Beaux-Arts de Mulhouse présente l’exposition Les temps satellites. Proposée par l’association L’agrandisseur et imaginée par Anne Immelé, cette exposition invite à une réflexion sur la notion de temps inhérente au travail photographique.

Depuis son invention, des perceptions et des interprétations liées au temps gravitent autour de la photographie, tant ce medium instaure une relation particulière à l’éphémère et à l’immuable. Ce sont ces temps satellites que l’exposition met en évidence. Le rapport au temps se noue lors de la prise de vue mais aussi dans la mise en relation de photographies. Par la mise en regard de photographies du 19e siècle et de photographies contemporaines, l’exposition confronte des esthétiques photographiques qui peuvent se rejoindre et se répondre, indépendamment d’un regard historique, à partir de quatre thématiques liées aux temporalités de la photographie.

L’exposition a pour point de départ un daguerréotype réalisé en 1841 à Mulhouse par Henri Ziegler, conservé au Musée Historique de Mulhouse. Utilisant une invention divulguée deux années auparavant, ce portrait, intitulé Portrait à la montre de Gaspard Ziegler, a la particularité de montrer un jeune homme souriant, tenant une montre dont on distingue les aiguilles. La montre dont le temps s’est arrêté est naturellement une mise en abîme de la photographie. Cette image est un moment suspendu, qui, depuis 1841, nous montre la même heure, invariablement, un instant qui n’en finit pas.
A l’instar de Raymonde April et de François Deladerrière, artistes invités, les photographes réunis proposent une expérience du passage du temps ou de la durée, à partir d’une esthétique de l’instant et de l’immobilité vive. L’expérience de vie et le rapport au monde sont au cœur de leurs œuvres, si bien que leurs photographies sont autant de témoignages de leur manière d’habiter le monde.

Structurée à partir de quatre thématiques transversales, l’exposition impulse une réflexion sur les différents enjeux et usages de la photographie en proposant un agencement d’images de périodes et mouvements artistiques hétérogènes, tout en veillant à ce que s’installe un dialogue entre les photographies contemporaines et les « incunables ».

mardi 28 août 2012

Les plis du présent


Raymonde APRIL Les temps satellites 1986

Raymonde APRIL
Les temps satellites (séquence de 10 photographies), 1986,
épreuves argentiques, 20,2 x 25,5 cm sous passe-partout 40,5 x 50,5 recouvert d’une acétate rouge, encadrées.
Prêt de l’artiste

Raymonde APRIL
Mon regard est net comme un tournesol, 2011
Agencement, formats variables
Prêt de l’artiste

Philip LORCA diCORCIA
Paris, 1996
Photographie couleur 61 x 93 cm 76 x 101 cm encadrée
Prêt du FRAC Île de France


La photographie ne convoque pas uniquement au souvenir, elle est captation du présent, au plus proche de l’instant vécu. C’est grâce à un dispositif d’accrochage sous forme de constellation que la photographe québécoise Raymonde April (Mon regard est net comme un tournesol, salle 7) active la possibilité d’un présent photographique, à partir d’images réalisées depuis trente années, au fil de son quotidien. Ce déploiement autobiographique nous montre la fulgurance d’un présent photographique simultanément avec des remous du passé. Le dispositif occupe toute la salle 7 et, alterne des photographies couleur et noir&blanc, des autoportraits et des vues prises depuis La Chimère, sa maison au bord du fleuve Saint Laurent.

Dans la séquence Les Temps satellites (salle 4), Raymonde April associe des photographies qui esquissent un présent fugitif et insaisissable. L’impression de la fuite d’un quotidien constitué d’un réseau de perceptions et de sensations se fait tangible dans la thématique visuelle du mouvement en spirale, en ellipse. Les mouvements circulaires rejoignent un temps présent  elliptique dans des images évocatrices des plis du présent.

Le photographe américain Philip-Lorca diCorcia (salle 6) réalise ses prises de vues dans la rue, les passants étant saisis instantanément grâce à un dispositif technique qui consiste à fixer des flashs sur des lampadaires ou des échafaudages. Ce faisant, il revisite le fameux instant décisif d’Henri-Cartier Bresson, en introduisant le doute d’une mise en scène et d’une artificialité dans des prises de vues sur le vif, faisant participer le regardeur à un « présent » en train de se faire, dont il deviendrait un témoin involontaire.

lundi 27 août 2012

Avant l'effacement

 A.Bartholdi, Egypte, 1855, tirage à l'albumine, coll. Cabinet des Estampes, Ville de Colmar
 Angela Grauerholz, Châteaux d'eau, 1989, cibachrome, 125 x 156 cm, coll.FRAC Champagne-Ardenne




Auguste Bartholdi, 
Egypte, 1855
5 Tirages à l’albumine 1860,
Coll. Cabinet des estampes, bibliothèque de Colmar

Bernard Plossu, 
Train de lumière, 1997
Séquence de 25 Photogrammes, 13 x 18 cm
Coll. FRAC PACA, Marseille

Angela GRAUERHOLZ
Hôtel, 1989, Châteaux d’eau, 1989, Harrison, 1988
Tirage cibachrome, 125 x 166 cm
Coll. FRAC PACA

Aurélien FROMENT
Inventaire de succession, 2006
Collage, tirages numériques pigmentaires, 110 x 100 cm
Coll. FRAC Champagne-Ardenne



Depuis son invention, le rôle de prothèse de la mémoire est attribué à la photographie, chargée de conserver les traces de ce qui va disparaître, de dresser un « inventaire du mémorable ». La photographie n’en reste pas moins une fixation fragile et momentanée. Des images photographiques hantent nos mémoires, mais semblent parfois sur le point de disparaître, soit par la destruction du support photographique, soit par l’oubli.

Les photographies d’Auguste Bartholdi (salle 1) et d’Angela Grauerholz (salle 6) montrent des processus d’apparitions et de disparitions du visible. Les photographies d’Auguste Bartholdi enregistrent des « fantômes », ces traces de personnes ayant traversé le champ de la prise de vue, pendant la durée du temps de pose. Ces photographies sont de l’ordre d’apparitions diaphanes, l’instant et l’éternité s’y rejoignent dans un équilibre fragile, puisque le support photographique, par nature éphémère, est guetté par le passage du temps et les dégradations chimiques.

Dans les photographies d’Angela Grauerholz, le passé affleure dans le présent dans des images qui jouent avec l’imperceptible. L’instabilité de la lumière, l’usage du flou font émerger une sensation du fugitif. La vibration du temps se fait tangible dans ces images-tableaux dont le grand format s’oppose à la fragilité de ces images vacillantes, comme surgit de notre mémoire commune.

La collecte d’images et ses archivages permettent de remédier à l’effacement et à l’oubli, de garder la trace de ce qui a disparu comme chez Aurélien Froment dont, Inventaire de succession (salle 3), rend hommage au personnage de fiction Irma Vep ainsi qu’aux différentes actrices qui l’ont incarnée. Dans ce collage, le passage du temps est matérialisé par l’évolution des codes vestimentaires, des styles et des modes.

Dans Train de lumière (salle 2), Bernard Plossu retranscrit l’éphémère de la perception des paysages défilant par la fenêtre du train, autant d’images qui s’effacent de nos mémoires au fil de leur succession. Train de lumière est une séquence de photogrammes extraits d’une bande super-8, filmée pour le film Sur la voie (Hedi Tahar) lors du trajet en train entre la gare de Lyon et celle de La Ciotat – 100 ans après les frères Lumière. C’est une esthétique du mouvement, du filé, qui retranscrit le caractère éphémère et fragmentaire de la perception des paysages défilant par la fenêtre du train, qui s’efface de nos mémoires au fil du temps.

dimanche 26 août 2012

Esthétique de l’immobilité

François Deladerrière, Sans titre, Creuse, 2010, extrait de la série l'Illusion du tranquille. Courtesy Galerie Le Reverbère
Adolphe Braun,  Vallée de Guebwiller, forêt de Lauchen, 1858-59. Coll. Christian Kempf.



Adolphe Braun,
L’Alsace photographiée, 1858-59  et Vues de Suisse, vers 1862
Épreuves d’atelier, tirages au charbon vers 1880
Coll. Christian Kempf, Colmar

François DELADERRIERE
L’illusion du tranquille (2008 – 2011)
Tirages argentique contrecollés sur alu dibon, formats variables
Courtesy galerie le Réverbère Lyon

Pierre FILLIQUET
Sans titre, 2001
Tirage contrecollé sur aluminium, diasec, 98 x 120
Coll. FRAC Alsace



Indépendamment des périodes historiques, Adolphe Braun (salle 5), François Deladerrière (salles 4 et 5), et Pierre Filliquet (salle 3) interrogent la question du paysage en réalisant des images qui sont des plans fixes éternisés. Alors que beaucoup de photographes captent les variations lumineuses et le caractère multiple de la réalité, ces trois photographes montrent des paysages qui semblent pétrifiés et immuables. L’intérêt pour le paysage, la construction rigoureuse et l’esthétique de l’immobilité sont des caractéristiques communes aux trois photographes.

Loin de toute représentation pittoresque, les paysages d’Adolphe Braun, sélectionnés pour cette exposition, adoptent une esthétique très contemporaine, qui préfigure la frontalité, la platitude et la clarté. Les tirages exposés sont des épreuves d’atelier, réalisées avec un procédé au charbon. Les noirs sont profonds et un relief est visible sur les parties les plus sombres de l’image.

L’illusion du tranquille (2008-2011) est une série réalisée par François Deladerrière dans des vallées reculées. Les vues de forêt ou de roches côtoient des images de discothèques vides, en marge de toute contemporanéité. L’apparente harmonie des paysages et le silence des lieux festifs semblent troublés par une puissance inquiétante, celle de l’illusion du tranquille. Des vues sont parfois proches d’une esthétique de la ruine, et l’on peut y voir un écho aux considérations de W.G Sebald qui écrivait dans Les anneaux de Saturne : « Sur chaque forme nouvelle plane l'ombre de la destruction. Car l'histoire de chaque individu, celle de chaque communauté et celle de l'humanité entière ne se déploie pas selon une belle courbe perpétuellement ascendante mais suit une voie qui plonge dans l'obscurité après que le méridien a été franchi. »

Pierre Filliquet représente l’immuable, le regard butte sur la surface plane d’une falaise qui occupe la quasi-totalité de l’image. Comme chez François Deladerrière la catastrophe n’est pas loin, la ruine est visible.

samedi 25 août 2012

Des visages en écho à Gaspar Ziegler



Fiona RUKSCHCIO, Gaspard Ziegler et moi, 2008, Photocollage avec cadre ancien, 67 x 128 cm, 
Coll. Musée historique, Mulhouse.



Henri Ziegler, L’homme à la montre, portrait de Gaspard Ziegler, 1841
Daguerréotype rond, diam. 9,7 cm.
Coll. Musée historique de Mulhouse
// Fiona RUKSCHCIO
Gaspard Ziegler et moi, 2008
Photocollage avec cadre ancien, 67 x 128 cm
Coll. Musée historique, Mulhouse
// Eric NEHR
Darja, 1998
Tirage iris sur vélin d’Arches contrecollé sur aluminium, 53 x 47 cm
Coll. FRAC Ile de France 
// Suzanne Lafont
Portrait n° 11 et n°12, 1989
Deux tirages argentiques, 108 x 86 cm
Coll. FRAC Lorraine

Le daguerréotype réalisé en 1841 à Mulhouse par Henri Ziegler (salle 1) est le point de départ de l’exposition. Utilisant une invention divulguée deux années auparavant le Portrait à la montre de Gaspard Ziegler a la particularité de montrer un jeune homme souriant, tenant une montre dont on distingue les aiguilles. L’on peut considérer, avec Roland Barthes, que les chambres photographiques en bois, relevant de l’ébénisterie et de la mécanique de précision étaient des « horloges à voir »… Le daguerréotype est une image unique, qui apparaît sur une plaque de cuivre, recouverte d’une fine couche d’argent qui lui donne l’apparence d’un miroir. Selon l’angle d’observation, l’image peut apparaître soit négatif soit positif. Fiona Rukschcio (salle 3) a découvert le daguerréotype montrant Gaspar Ziegler dans la Nouvelle histoire de la photographie de Michel Frizot. Fascinée par sa propre ressemblance avec Gaspar Ziegler, elle a créé plusieurs œuvres en lien avec lui. Par le photocollage séquentiel, l’artiste matérialise le passage d’un temps à un autre, d’un visage à un autre.Le visage androgyne de la jeune personne portraiturée par Suzanne Lafont (salle 3) est un écho au visage du jeune Gaspard Ziegler. Portraits n°11 et n°12  forment un diptyque d’un même visage photographié en gros plan. Les légers mouvements du visage sont enregistrés et visibles dans une esthétique du tremblement et de l’instabilité que l’on retrouve dans l’intervalle entre les deux prises de vue. Eric Nehr (salle 3) emploie une chambre photographique qui, comme pour le portrait de Gaspard Ziegler, oblige à utiliser un trépied, dans des conditions nécessitant une préparation technique. Grâce à la pose longue de l’enregistrement photographique, il se dégage une présence si tangible que l’on peut ressentir la présence du visage photographié, qui procède d’un appel silencieux à la contemplation.